La ligne Saint-Trojan - Maumusson ...
Gatseau Plage
En empruntant le p’tit Train de Saint-Trojan,
vous serez surpris de découvrir sur les dunes qui dominent la baie de
Gatseau, une stèle en pierre du Périgord (en hommage aux maquis de
Dordogne), qui commémore le débarquement qui eu lieu à cet endroit
précis, le 30 avril 1945. Chaque année, le 30 avril, une cérémonie
réunie les anciens combattants autour de la stèle pour marquer le
sacrifice des quelques 18 soldats morts pour la France en libérant
l’Ile d’Oléron.
Un autre vestige subsiste, pour quelques
temps encore (en raison de la très forte érosion qui le menace), à la
pointe de Gatseau : il s’agit du blockhaus « Hase ». C’est
l’histoire de ce débarquement méconnu qui vous est racontée :
L’Opération « Jupiter » - île
d’Oléron – 30 avril au 1er mai 1945 :
Du 30 avril au 1er mai 1945
s’est déroulée sur l’île d’Oléron « l’opération Jupiter », une action
militaire de débarquement maritime (3ème Débarquement de
France), visant à libérer de l’occupation allemande, l’une des
dernières poches d’occupation - après Royan et Le Verdon, libérées
entre le 18 et le 20 avril 1945-, mais avant La Rochelle et Ré,
délivrées le 8 mai 1945 - qui échappe encore à l’autorité du Général
de GAULLE.
C’est lors de sa visite à Saintes, le 18
septembre 1944, que le Général de GAULLE ordonne au colonel Henri
ADELINE, commandant FFI du secteur, de « faire en sorte que les
combats de la côte atlantique finissent par une victoire française »*.
L’Occupation :
Installés sur l’île d’Oléron depuis le
29 juin 1940, en raison de sa position stratégique qui commande
l’estuaire de la Gironde et les passes menant à la future base sous
marine de La Pallice à La Rochelle, les Allemands ont eu tout le
loisir d’organiser leurs défenses avec la construction de l’Atlantikwall.
Dès 1942, contre un débarquement anglo-américain qui, comme en 1917,
aborderait la côte Atlantique dans l’un de ses ports, puis à partir de
1944 contre un ennemi puissant qui viendrait du continent. Dans une
directive du 17 août 1944 émanant du Führer lui même,
Adolf HITLER engageait ses troupes « à tenir jusqu’au bout » à
l’intérieur des derniers bastions de l’Atlantique.
Pour cela, plusieurs unités vont se
succéder : les compagnies de pionniers du Pio.Btl.181 du
hauptmann ENGELMANN de Rochefort bâtissent les premières positions
légères (küstenwachen) à partir de 1941 ; entre mars 1941 et
janvier 1942, certaines positions sont équipées de pièces d’artillerie
et de projecteurs : 4 obusiers FH 18 de la 11/AR 181à
Saint-Denis en 1942, 1 batterie de la Stellungs Batterie 130
avec quatre canons de 75 mm polonais FK 97 sur la plage du
Douhet en novembre 1941, 2 batteries de 155 mm (Stellungs Batterie
406 et Stellungs Batterie 407) à Saint-Denis et Vertbois en
janvier 1942 ; d’autres unités poursuivent les travaux, comme le
Pio.Btl.327 de l’obersleutenant HUMBERT, le
Fest.Pio.Stab.28 de l’oberst SCHULZ ou l’Organisation Todt
de l’oberbauleitung PAULA. Cette structure composée d’ostarbeiter
(prisonniers de guerre du front de l’Est), renforcée de
réquisitionnés oléronais, charentais et vendéens a construit, dès
l’été 42, sur les pourtours de l’île 32 stützpunkt (points
d’appuis) et 42 positions de campagne, comportant pour certains des
pièces d’artillerie allant de 75 à 155 mm. Cependant, seules 11
positions sont réellement achevées en 1945. Ces ouvrages sont
complétés sur les plages par des tétraèdres en béton, des éléments
Cointet, des hérissons tchèques et des « pieux à Rommel », destinés à
éventrer à marée haute d’éventuelles péniches de débarquement. Sans
oublier les champs de mines qui constituent un deuxième rideau de
défense.
La garnison allemande qui dépend du
secteur de La Rochelle (vizeadmiral Ernst SCHIRLITZ), est
commandée depuis janvier 1945 par le korvettenkapitän Alfred
GRAF SCHILTZ VON GÖRTZ UND VON WRISBERG qui a succédé au
korvettenkapitän Werner SCHÄEFFER (08/44 à 01/45), qui a lui même
succédé au korvettenkapitän Louis LEISEWITZ (10/42 à 08/44). Le
PC (Inselkommandantur) est situé avenue Bel-Air à Saint-Pierre
d’Oléron. Elle comporte environ 2 200 hommes, dont 1 380 sont issus de
la Kriegsmarine.
Ils appartiennent pour la plupart au
leichte Marine-Artillerie-Abteilung 687 (Groupe d’artillerie
côtière légère 687) commandé par le korvettenkapitän Werner
SCHÄEFFER. Ce groupe d’artillerie comporte 3 compagnies mobiles
d’intervention (soit 690 hommes, parmi lesquels se trouvent 40 russes,
50 polonais et 25 autrichiens) basées
respectivement à Dolus, à Saint-Pierre et à Saint-Georges ;
et 3 batteries d’artillerie (370 hommes). Les batteries
comportent pour l’une, 16 canons de 75 mm hippomobiles et 6 obusiers
de 155 mm Schneider, pour l’autre, la leichte schützen-kompanie
(compagnie d’appui légère), 7 canons antiaériens de 25 mm et 11
mortiers de 81 mm, et enfin pour la dernière, une compagnie antichars
dotée 12 PAK de 37 à 50 mm. 320 hommes dépendent du Marine-Flakartillerie-Abteilung
812 (Groupe naval d’artillerie antiaérienne 812) ou MaFla 812,
appartenant à la Marine-Flak-Brigade V (dont le PC est à
Saint-Nazaire), créé en mars 1942 entre les îles de Ré et d’Oléron,
composée pour sa part, de 3 batteries (dont 2 de 75 mm Flak M 35
Vickers) et d’une demi compagnie de 6 projecteurs Siemens de
150 cm. L’ensemble est sous les ordres de l’oberleutnant KRÖNER.
Enfin, les soldats de la 2 Komp / 3 Funk-Mess-Abteilung (2ème
compagnie du 3ème bataillon de surveillance
radioélectrique) servent les installations radar d’une portée de 60
kilomètres et transmission optique de la Pointe de Chassiron.
350 hommes dépendent de la Wehrmacht
et servent soit au sein du Heeres Kotier Artillerie Abteilung 1280
(Groupe d’artillerie côtière de l’armée de terre 1280) du
hauptmann MÜLLER. Il remplace depuis octobre 1944 le HAA 1180
du major SORG (parti renforcer le secteur de La Rochelle)
qui comptait 4 batteries de tir (230 hommes) réparties au Douhet (1/HAA
1180), Saint-Denis (2-3/HAA 1180) et Chaucre (4/HAA 1180) ;
les autres sont rattachés soit à la 6ème compagnie
d’infanterie de forteresse du 80ème Corps (6/Festa LXXX)
du hauptmann Günter JUNG (120 hommes), unité cycliste cantonnée
également à Saint-Pierre, soit à la Fest Nachr Stab 2/6 (2ème
compagnie du 6ème bataillon de transmissions d’état-major),
installée à Saint-Georges.
Une compagnie de 163 Italiens (anciens
sous-mariniers basés à Bordeaux), issus du bataillon San Marco,
commandée par le tenante di vascello Massimo DI PACE, s’occupe
principalement des tâches administratives et des servitudes au profit
de leurs alliés, qui ne leur accordent qu’une confiance limitée depuis
la capitulation de l’Italie.
Le reliquat provient d’un renfort du
Marine Regiment Zapp de La Rochelle (250 hommes), envoyé le 15
avril 1945, et de combattants ayant réussi à échapper à la capture,
après avoir traversé le Pertuis de Maumusson le 18 avril 1945, lors
des combats de Royan.
A la veille du débarquement, selon la
propre estimation du korvettenkapitän SCHÄEFFER, les munitions
sont suffisantes pour tenir 2 ans…mais le ravitaillement, 2 mois. De
plus, le moral de la garnison allemande est très bas, puisque depuis
plusieurs jours, les positions reçoivent quotidiennement un déluge
d’artillerie. Plusieurs positions du nord et de l’ouest de l’île ont
été démontées entre septembre et décembre 1944 pour être redéployées
au sud et à l’est. Ainsi, les puissantes positions de la Pointe de
Chassiron sont quasiment abandonnées, de faux canons en bois
remplacent les vrais. Plusieurs positions enterrées, reliées par des
tranchées et défendues par des mines et des barbelés sont réalisées en
bordure des axes principaux qui relient les communes de l’île. Au
total 32 000 mines ou engins piégés de tout type auront été posés sur
Oléron.
La Résistance oléronaise, créée en juin
1942 sur la base du réseau de renseignement Centurie de l’OCM
(Organisation Civile et Militaire), par le lieutenant DREUX, Pierre
WIEHN et Robert ETCHEBARNE (ces deux derniers seront fusillés à
Bordeaux le 11 janvier 1944), est décapitée par la Gestapo le 11
octobre 1943. En effet, ce noyau de résistants, remarquablement
implanté, tant sur le plan géographique (du Château d’Oléron à
Saint-Denis), que dans les milieux stratégiques (PTT, gendarmerie,
administration, et même auprès de soldats russes servant dans l’armée
allemande), possédait son propre dépôt d’armes à Saint-Just, à défaut
de pouvoir le stocker sur l’île. Une probable dénonciation en vient à
bout, le jour même de l’arrivée de la Gestapo sur Oléron et le dépôt
d’armes (80 mitraillettes, 150 pistolets, 300 grenades à main et 150
grenades incendiaires) est démantelé le 4 novembre. Deux autres
résistants seront arrêtés le même jour et déportés : Pierre BALLURET
et Clotaire PERDRIAUX. Suite à cette rafle, deux groupes se reforment,
l’un conduit par Anthony DUBOIS-FESSEAU, natif de Saint-Trojan, qui
succède à Pierre WIEHN, et l’autre à l’initiative de Camille ROUDAT,
natif de La Cotinière, et de Pierre JOGUET.
Suite au succès du débarquement de
Normandie, les réseaux de résistance sont réactivés dès juillet 1944.
Des réunions secrètes sont organisées à Dolus par un membre du réseau
Libé-Nord, Henri BRANCHU.
A partir du début septembre 1944,
plusieurs groupes de résistants issus principalement des maquis de
Dordogne (Castel-Réal et Groupe Bernard / Armée Secrète ;
Brigade RAC, Corps franc Roger et Corps franc Roland /
Armée Secrète de Dordogne ; Compagnie Franche Gambetta / Armée Secrète
de Haute-Vienne) réorganisent les réseaux actifs et installent des
postes émetteur-récepteur à Dolus et à La Chevallerie. Un quartier
général de la Résistance est établi à Saint-Pierre, à La Laudière.
Marcel PERAUD, chef de gare à Saint-Pierre en prend la direction.
Le 10 octobre 1944, une nouvelle rafle
est opérée par des SS en provenance de La Rochelle. Ils recherchent
les résistants, les armes et une équipe de 11 instructeurs, commandés
un sous lieutenant, qui forme la mission Bickford chargée de
les encadrer. Deux cents hommes environ sont arrêtés et enfermés à la
Maison Heureuse (ancienne Ecole des Torpilles de Boyardville). Parmi
eux, deux membres de la mission Bickford, sont internés à la
citadelle du Château d’Oléron : le maréchal des logis chef Joël BUSSAC
(qui parviendra à s’évader) et René NOMME. Les autres sont exfiltrés
en urgence vers Marennes. Pourtant, à cette époque 17 groupes de
résistants sont recensés dans toute l’île, équipés de stations radio.
Le 15 décembre 1944, le lieutenant
DREUX, Raymond GRANDSARD de Saint-Pierre et FOUCAULT de Chaucre sont
également exfiltrés par la Résistance sur le continent ; le 18
décembre 1944, 262 personnes, dont une centaine de la Cotinière, sont
arrêtées et interrogées. Certaines sont emprisonnées à la citadelle du
Château-d’Oléron ou déportées sur l’île de Ré. Le 7 janvier 1945, tous
les gendarmes d’Oléron sont désarmés et emprisonnés. Le 11 janvier
1945, 200 habitants sont expulsés sur La Rochelle.
En avril 1945, Emile SCHWARTZ, de
Boyardville, adjoint de Marcel PERAUD dit « Daphnée-Renée », est
désigné comme chef de la Résistance sur l’île. Il reçoit un mois plus
tard, le 16 avril, une importante livraison d’armes légères (216
mitraillettes Sten et des munitions) afin d’équiper ses 216
partisans du « groupe Pré-Salé ». Au cours d’une réunion
organisée le 24 avril 1945 à La Cotinière, le capitaine de corvette
Lucien FOURNIER assigne les objectifs à la résistance oléronaise : il
faudra le jour J, neutraliser les liaisons téléphoniques, détruire les
transports et les estafettes et fournir des guides aux troupes
régulières.
Les préparatifs :
Le 7 septembre 1944, le secteur de
Marennes-Bourcefranc est investi par différents groupes de FFI. A
partir du 12 septembre, le front se fige.
Le 14 octobre 1944, le général de Corps
d’Armée Edgard de LARMINAT a été nommé commandant du Détachement
d’Armée de l’Atlantique (DAA), comportant 25 740 hommes répartis en
trois secteurs, La Rochelle, Royan et La Pointe de Grave, formant les
Forces Françaises de l’Ouest (FFO).
Le 18 octobre 1944, une entrevue est
organisée au Chapus entre l’Inselkommandant Werner SCHÄEFFER et
les FFI menés par le colonel ADELINE au sujet de la reddition de la
garnison allemande d’Oléron. C’est un échec, car les allemands
refusent de se rendre à des maquisards.
Le 8 novembre 1944, 6 prisonniers
allemands sont capturés de nuit sur un blockhaus de La Perrotine. A
cette époque, un plan de libération de l’île d’Oléron est établit par
le service Marine de Rochefort, pour un débarquement sur la plage des
Saumonards à Boyardville. Le projet est rapidement abandonné en raison
du minage effectué par les allemands dans l’hiver 44-45.
Le 1er décembre 1944, le
lieutenant-colonel Henri MONNET, chef de corps du 158ème
R.I, intègre les trois corps francs d’Elie ROUBY, de Camille ROUDAT et
d’Anthony DUBOIS-FESSEAU, ainsi que le groupement gersois Armagnac du
capitaine Maurice PARISOT dans un Groupe Franc Marin Armagnac au sein
du 158ème R.I.
Le 10 décembre 1944, une patrouille du
corps franc marin Armagnac dans l'île d'Oléron, fait des prisonniers
dont un interprète de Saint-Trojan-les-Bains.
Le 11 février 1945, la 23ème
Division d’Infanterie est officiellement créée.
Le 13 mars 1945, la « Division de
marche Oléron », confiée au général de Brigade René MARCHAND a été
mise sur pied. Elle est composée pour l’infanterie de 3 bataillons du
158ème R.I (ex brigade de l’Armagnac ; ex bataillon de
Bigorre PARISOT / FFI ; ex Compagnie Franche Gambetta du capitaine
Elie ROUBY), de 2 bataillons du 50ème R.I (ex brigade RAC /
FFI ; ex bataillon Roland), d’un bataillon du 131ème R.I
(ex maquis de Mussy Grancey dans l’Aube), du 6ème Bataillon
Porté de Tirailleurs Nord-Africains (6ème B.P.T.N.A composé
de nord africains libérés des camps de Gironde), du Bataillon de
Fusiliers Marins de Rochefort (ex Corps Francs Marins / FFI), du
Groupe Franc Marin Armagnac (ex corps francs « Marennes et Seudre » de
Lucien LECLERC, Camille ROUDAT et Antony DUBOIS-FESSEAU), du 18ème
Régiment de Chasseurs à Cheval (ex escadron Urbain ; ex groupe Klein)
et du Corps Franc d’Aviation « Le Gaulois ». La presque totalité des
recrues est issue des maquis, l’armée régulière étant absorbée par les
combats dans les Vosges.
Des dissensions apparaissent très vite
entre l’état major du général MARCHAND et le chef de corps du 158ème
R.I, le lieutenant-colonel Henri MONNET, soucieux d’épargner au
maximum la vie de ses hommes. Pour couper court au récalcitrant, le
lieutenant colonel René BABONNEAU, officier d’active qui a servi dans
les rangs de la Légion Etrangère, est nommé chef de corps du 158ème
R.I., mais n’ayant aucune prise sur les hommes, il demande à son
prédécesseur de garder son poste, en lui proposant de devenir son
conseiller technique.
Le 24 avril 1945, le général de Corps
d’Armée Edgard de LARMINAT établit à Cognac dans son ordre
d’opérations n° 9, le plan d’exécution pour la libération d’Oléron.
Le débarquement maritime initial est
prévu pour le 29 avril, mais les conditions météorologiques
reporteront l’opération de 24 heures. Entre temps, 24 péniches
américaines de type LCVP (Landing Craft Vehicle Personnel) sont
livrées par voie ferrée à Rochefort, puis acheminées (entre le 22 et
le 26 avril) par le canal Bellevue de la Charente à la Seudre jusqu’à
Marennes.
Les Forces Aériennes de l’Atlantique (FAA), placées
sous le commandement du général de Brigade Edouard CORNIGLION-MOLINIER,
qui avaient été créée à Cognac en mars 1945 comptent les groupes de
chasseurs bombardiers 1/18 « Vendée » (15 Dewoitine 520
et 7 Douglas A 24 Dauntless) et 2/18 « Saintonge » (29
Spitfire Mk V), le groupe de bombardement 1/31 « Aunis » (12
Junkers 88Aet divers appareils de récupération), le
groupe de reconnaissance 3/33 « Périgord » (24 Fieseler Storch
et 3 Siebel 204).
Elles sont renforcées du Groupe
Aéronaval n° 2 (G.A.N 2) du capitaine de frégate Francis LAINE, équipé
de 21 Douglas SBD 5, et du 26th squadron de la R.A.F,
équipé de 20 Mustang.
A la mi-mars 1945, les Douglas SBD
5 du G.A.N 2 incendient le dragueur côtier allemand FO 15 au
moment de son évacuation vers La Pallice. En revanche, Les FO 21 et 24
s’échappent à la faveur de la nuit.
Le 14 avril, lors de l’opération
Vénérable (libération de Royan), quelques missions de diversion
sont menées par des équipages des 1ère US Tactical Air
Force (Saint-Dizier) et 8ème US Strategical Air
Force (Grande-Bretagne) sur les batteries de Saint-Trojan et de La
Perrotine.
Le 17 avril dans l’après-midi, les
bombardiers moyens bimoteurs Martin B26C Maraudeur américains
de la 8ème Air Force bombardent le secteur du
Château, touché par 96,5 tonnes de bombes
Le 19 avril, 10 Ju88 du groupe
Aunis bombardent La Perrotine, le poste de commandement de
Saint-Pierre, la Pointe de Gatseau, et de nouveau la citadelle du
Château, ainsi que Boyardville.
Le 23 avril, la batterie de la
Giraudière reçoit 31,5 tonnes de bombes larguées par 10 Ju 88
et 24 Douglas SBD, tandis que la Pointe d’Ors (poste d’écoutes)
est attaquée par 12 Spitfire en piqué. Le 28 avril, 12
Ju 88 bombardent la batterie Flak de La Perrotine à
Boyardville avec 19 tonnes de bombes, tandis 12 Spitfire
traitent celle de Saint-Pierre.
La 13th Field Artillery Brigade
(13ème brigade d’artillerie U.S) commandée par le
Brigadier General BANK, composée des 999th FAB, 235th
FAB, 514th FAB et 257th FAB (Field
Artillery Battalion) entame le même jour le pilonnage systématique
des positions allemandes à l’aide de ses obusiers de 155 et 203 mm.
De même, une « French Naval Task
Force », commandée par le contre amiral Joseph RÜE a été
constituée précipitamment en Angleterre le 12 avril 1945 pour fournir
un appui aux troupes au sol depuis le croiseur Duquesne, les
torpilleurs Fortuné, Basque et Alcyon, les escorteurs
Aventure, Surprise, Découverte, Hova, le groupe de
dragueurs de mines Amiral Mouchez et la 31st (Canadian)
Minesweeper Flotilla. Ces bâtiments croisent à partir du 27 avril
au large de la côte Ouest de l’île, et engagent les positions bétonnés
grâce aux 4 tourelles de 203 mm du croiseur Duquesne (700 coups
tirés), guidé par les avions du G.A.N 2.
Le 25 avril 1945, deux groupes de
résistants commandés par le capitaine LECLERC sont infiltrés dans
l’île avec des moyens radio afin de renseigner sur les positions, les
mouvements de l’ennemi et coordonner les actions de sabotage (coupure
des lignes téléphoniques, destruction des moyens de transport et mise
en place de barrages aux carrefours). Le même jour, le 1er
groupe du 12ème Régiment d’Artillerie prend position aux
abords de la plage de Marennes.
Le 29 avril 1945, lors d’une réunion d’Etat-Major
qui s’est tenue à Marennes de 21 h 00 à 21 h 30, le général de
LARMINAT confirme l’opération Jupiter pour le lendemain dès 6 h 00. A
2 h 00, une messe célébrée en l’église de Marennes par l’abbé Louis
DUPIN de SAINT-CYR (frère cadet du commandant du BFMR) réunit les
soldats qui vont débarquer dans quelques heures. A 2 h 45, les 675
hommes de la première vague d’assaut sont près à être embarqués.
Journée du 30 avril 1945 :
Le lundi 30 avril à 4 h 56 du matin,
l’opération « Jupiter » est lancée. 24 LCVP commandés par le
lieutenant de vaisseau TANAN (US Army), 22 DUKW (camions GMC
amphibies), arrivés à Marennes la veille en provenance du Havre, et 42
bateaux de pêche, originaires de Marennes, du Galon d’Or, de
Port-Lambert, d’Arcachon et de Saint-Jean-de-Luz, constituant quatre
éléments de vague, espacés de 5 minutes, s’élancent du port de la
Cayenne à Marennes, guidés par des pêcheurs oléronais et se mettent en
attente à l’embouchure de la Seudre.
La préparation d’artillerie commence
aussitôt par le tir des 168 pièces de 90 mm à 220 mm de la 13ème
brigade d’artillerie U.S (appartenant à la VIème Armée du général
DEVERS), renforcée de 6 batteries du 1er Régiment de
Canonniers Marins et d’une batterie du 16ème Groupe de FTA
(Forces Terrestres Antiaériennes). Les batteries sont réparties entre
La Tremblade et Marennes et arrosent le secteur de la pointe de
Gatseau à la pointe Manson. A 5 h 00, un message radio adressé au PC
de La Laudière informe les 17 groupes de résistants de passer à
l’action. De nombreux câbles téléphoniques, surtout dans le nord de
l’île sont sectionnés.
A 5 h 50, les 7 premiers LCVP s’élancent
enfin. A 6 h 02, alors que la température extérieure atteint -6°, la
première vague d’assaut aux ordres du lieutenant de vaisseau Joseph
DUPIN de SAINT CYR, aborde la plage de Gatseau dans un nuage de
fumigènes, sous le feu ennemi d’un groupe de combat commandé par l’oberleutnant
Klaus MARX, légèrement à l’ouest de la maison du canot de sauvetage, à
l’emplacement de l’ancienne base américaine d’hydravions, construite
en 1917. Les sapeurs de la section de déminage du capitaine PERRET
(3/151ème Génie) créent deux brèches dans les champs de
mines. Aussitôt s’engouffrent 2 compagnies de fusiliers marins
commandées par le lieutenant de vaisseau Michel FOUCHIER, qui se
dirigent vers le préventorium de Lannelongue et la Maison de Sauvetage
(Hummel), et les fantassins du 2ème bataillon du 50ème
RI, commandé par le capitaine Jean-Marie POITEVIN, qui sont chargés
d’investir la pointe sud de l’île. Les tirs d’artillerie sont allongés
de 400 m, tandis que l’artillerie allemande reste muette. Le blockhaus
Ro 506 Hase de la pointe de Gatseau est investi, mais la
position est vide. Les fusiliers marins des 1ère et 2ème
compagnies n’ont pas chômé, s’emparant de la Maison de Sauvetage
comportant 30 hommes, 2 pièces de 155 mm et 2 pièces de 75 mm. A 6 h
07, le deuxième élément de la première vague d’assaut est débarqué à
son tour, environ 600 m à l’est des premiers éléments en raison du
courant et des fumigènes qui masquent la zone.
A 6 h 15, une nouvelle vague d’assaut,
commandée par le lieutenant colonel Gabriel TERMIGNON, transportant
les 250 hommes du 3ème bataillon du 158ème RI
(ex 1er Régiment du Gers / FFI), débarque sur l’île à son
tour, rapidement rejointe par les sections de mitrailleuses lourdes et
des groupes de mortiers. Elle établie la jonction avec les fusiliers
marins à Lannelongue. A 6 h 20, des tirs ennemis balaient la plage et
la lisière de la forêt. Ils proviennent d’une pièce de 20 mm Flak
30 sur roue qui est réduite au silence peu après par des éléments
de la compagnie LELONG du 50ème R.I. A 6 h 35, deux
Spitfire du groupe Saintonge bombardent le blockhaus de La
Giraudière. A 6 h 30, la dernière vague d’assaut comportant le 3ème
bataillon du 50ème RI arrive à son tour, suivie du service
sanitaire et des véhicules légers.
En 45 minutes, 675 hommes (3 vagues
d’assaut) ont été débarqués pour établir une solide tête de pont. On
déplore malheureusement la perte de 6 hommes (2 officiers mariniers,
pilotes de LCVP, 2 soldats du 158ème R.I morts de leurs
blessures, ainsi que l’adjudant Gaston HOUPERT** et le 2ème
classe Sylvain CASSOU du 50ème RI) pour plusieurs blessés.
Peu après 8 h 00, six Douglas SDB 5 du G.A.N (Flotille 3 FB)
poussent une reconnaissance jusqu’à La Pallice pour s’assurer que des
renforts ne sont pas acheminés. Ce n’est pas le cas, tous les
bâtiments du port sont bas les feux. Au retour, malgré le plafond bas
et le crachin, la batterie de flak au nord de Saint-Pierre est
attaquée. Une erreur d’objectif va malheureusement faire des victimes
civiles dans la population demeurant dans le quartier des Allées.
A 7 h 30, la tête de pont est solide,
s’enfonçant de 2 kilomètres dans la forêt de Saint-Trojan, à la
lisière sud-ouest des Brys. Les renforts continuent d’affluer, le
poste de commandement de l’infanterie divisionnaire débarque à 7 h 45
et s’établit au château d’eau du sanatorium.
A 8 h 00, la « French Naval Task
Force » entre en action et pilonne les positions ennemies sur
toute l’île.
A 9 h 30, à la fin de la marée, 8 tonnes
de munitions d’infanterie, 4 Dodges, 2 Jeeps et 1 Nebelwerfer
(lance roquettes multiple de 150 mm) ont été débarqués et près de 2
400 hommes (50ème, 158ème et 131ème
bataillons d’infanterie, 6ème BPTNA) sont en état de
combattre. La progression peut commencer. Deux groupements sont
constitués : le «groupement Ouest » du lieutenant colonel Rodolphe
CEZARD, alias « RAC », qui comprend les 2ème et 3ème
bataillons du 50ème RI commandés par les chefs de bataillon
« Roland » CLEE et René TALLET dit « Violette » (maquis A.S de
Dordogne Nord), le bataillon de fusiliers marins de Rochefort du
lieutenant de vaisseau DUPIN de SAINT CYR, une compagnie du 151ème
Régiment du Génie et de 2 groupes de 75 mm du 32ème
Régiment d’Artillerie, reçoit la mission de progresser sur trois axes,
le long des palissades, à travers la forêt de Saint-Trojan jusqu’à
l’isthme des Allassins ; le « groupement Est » du lieutenant colonel
MONNET, composé de 3 bataillons du 158ème RI, d’une
compagnie du 151ème Génie et du 1er groupe de 75
PAK 40 (antichar) du 12ème Régiment d’Artillerie (ex réseau
de résistance Z de Royan), doit s’emparer des blockhaus de la Pointe
de Menson au sud de Saint-Trojan (l’objectif sera atteint à 10 h 00,
une trentaine de prisonniers seront faits), puis progresser vers le
centre bourg de Saint-Trojan en contrôlant les accès vers le
Château-d’Oléron.
A 10 h 15, la position Huhn de la
pointe de Menson est investie sans combat par le 3ème
bataillon du 158 ème R.I, dix allemands sont capturés.
A 12 h 00, le centre de Saint-Trojan est
libéré par le 3ème bataillon « R » / 158ème R.I
du commandant Louis DORBES du groupement Est, tandis que Saint-Trojan-Plage
est atteint par le groupement Ouest qui, malgré la pénibilité de la
progression à travers bois, ne rencontre qu’une faible opposition à la
Maison Forestière. Dans le même temps, le premier char Somua S 35
est débarqué à la cale de Lannelongue.
A 12 h 40, le 4ème escadron
du 18ème Chasseurs à Cheval et 18 de ses chenillettes
Bren Carrier est à pied d’œuvre à Lannelongue, aussitôt suivi des
Bren Carrier du 158ème R.I (4) et de celles du 6ème
B.P.T.N.A débarquées à 14 h 00. En forêt, la section COURANT de la 9ème
compagnie du 50ème R.I se heurte à une violente résistance
au niveau de la maison forestière des Brys. 50 allemands retranchés
bloquent la progression, mais finalement 10 sont tués et 40 capturés.
Vers 13 h 00, l’isthme des Allassins est
pratiquement atteint, mais en amont de Grand-Village, entre la route
départementale 126 et la côte Ouest, un immense champ de mines (800 m
x 1000 m) érigé pendant l’hiver 44, derrière lequel se sont retranchés
des Allemands, bloque la progression. A l’est, le dédale des marais
salants prolonge cet obstacle infranchissable. Trois hommes (André
PARINET, Vincent PEDRINI et Roger MAIGROT) de la 10ème
compagnie du 50ème RI sont tués et plusieurs gravement
blessés.
Des mortiers et des mitrailleuses
lourdes sont engagés pour déloger l’ennemi, mais il faudra
l’intervention de 86 bombardiers B26C Marauder, du 42nd US
Bomb Wing de la 1th Tactical Air Force, pourvus de 103
tonnes de bombes à fragmentation, entre 16 h 00 et 16 h 50, pour
neutraliser définitivement le champs de mines et enfin reprendre la
progression. Les bombardiers vont inaugurer à cette occasion le
procédé shoran qui permet un bombardement précis et sans
visibilité grâce à des balises radio faisant écho, implantés au sol.
Vers 17 h 00, les fusiliers marins
s’installent aux Allassins, au nord de Grand-Village, où ils reçoivent
des tirs de la batterie Ro 541 Kater de la plage de La
Giraudière. Celle-ci qui engendre la perte de 3 fusiliers marins et 7
blessés, occasionne la réplique des mortiers des fusiliers marins et
nécessite l’envoi des deux compagnies du 6ème BPTNA du
commandant Marcel GOVYS pour assurer la protection immédiate du
village. La 9ème compagnie du 3ème bataillon du
50ème R.I parvient à museler la batterie de La Giraudière
et y capture 7 allemands. Le hameau du Trillou est occupé vers 18 h
00.
Le groupement Est de son côté atteint Le
Château-d’Oléron au moment où les commandos du capitaine Adrien CAPIN
(1er bataillon du 158ème R.I) sont débarqués
pour tenir Ors. La progression vers Dolus se poursuit, la position
Lerche à La Dresserie est évitée, mais celle de la pointe d’Ors,
Ro 503 Hermelin avec sa pièce de 75 mm, sa pièce de 47 mm, sa
mitrailleuse et ses 10 servants, est capturée. A 19 h 50, les éléments
de reconnaissance du 18ème Chasseurs qui s’étaient avancés
jusqu’aux portes de Dolus sont attaqués à La Dresserie et doivent se
replier, mais les résistants qui ont entamés la réduction du poste de
commandement de Saint-Pierre sont galvanisés et poursuivent leurs
actions de guérilla. Le Château est cependant libéré vers 20 h 00.
A 20 h 30, une forte contre attaque
allemande menée par une compagnie d’intervention allemande basée à
Dolus, équipée de mortiers, de lance grenades, de mitrailleuses et de
2 pièces de 75 mm, s’exerce sur les fusiliers marins installés à
Trillou et aux Allassins. Ceux-ci, qui enregistrent 4 morts et 10
blessés, se replient sur Grand-Village où ils sont renforcés d’une
compagnie de réserve du 6ème BPTNA. Une nouvelle attaque
est portée par les marins sur Petit Village afin d’élargir leur
périmètre de sécurité, les allemands refluent.
A 23 h 00, le 2ème bataillon
du 158ème R.I atteint La Gaconnière, tandis que des
éléments de résistants commandés par le capitaine LECLERC s’installent
en sûreté à La Menounière.
Le 30 avril 1945, à la fin de la
première journée, «Jupiter » est un véritable succès : sur les 8 882
combattants français qui seront engagés tout au long des 2 jours de
l’opération, 3 200 ont été débarqués ; le matériel lourd -dont 5 chars
Somua S 35 du 1er escadron du 13ème
Régiment de Dragons commandé par le lieutenant de CHALEMBERT
(transportés sur des pontons spéciaux construits par le 92ème
Génie) et les 18 chenillettes Bren Carrier du 4ème
escadron du 18ème Régiment de Chasseurs à Cheval, commandé
par le lieutenant Jacques de FLEURIEU- a été acheminé malgré la
destruction d’un LCVP ; l’artillerie a tiré 12 345 obus et l’aviation
qui a effectué 326 sorties a largué 375,5 tonnes de bombes.
Le total des pertes humaines françaises
s’élève à 18 tués et 55 blessés, ainsi que 6 civils décédés. La
Division Oléron a capturé 180 prisonniers et la Résistance (réseau « Pré-Salé »),
212, qui seront acheminés tout au long de la journée sur la plage de
Gatseau. Elle a, de plus, effectué de son côté de nombreux sabotages.
Journée du 1er mai 1945 :
Vers 1 h 00 du matin, les 207 membres du
commando FOURNIER, composé des ex corps francs marins « Antony
DUBOIS », « Camille ROUDAT » et «Marennes et Seudre » (capitaine Elie
ROUBY), regroupés au sein du « Groupe Franc Marin Armagnac » (GFMA),
débarquent à La Vieille Perrotine, entre deux positions allemandes. La
flottille de 16 embarcations locales qui les a transporté provient du
Chapus. Deux colonnes, formées par le capitaine de corvette Lucien
FOURNIER et le capitaine Jean POIRIER, progressent, l’une en direction
d’Arceau et de La Cotinière (pour faire jonction avec le capitaine
LECLERC qui a demandé du renfort), tandis que l’autre se dirige vers
Les Allards, le long du chenal d’Arceau et Dolus (atteint à 5 h 00
mais libéré à 10 h 00). Quelques soldats allemands postés dans les
cabanes ostréicoles tentent de contrarier la progression le long du
chenal d’Arceau, par des tirs de mitrailleuses qui font 3 blessés,
mais une salve de mortiers les délogent. Le GFMA effectue la jonction
avec le 2ème bataillon du 158ème R.I vers 11 h
00, à la Gaconnière. Il a réduit au cours de la journée les positions
ennemies de Méré (5 h 30), La Rémigeasse (à 11 h 00, où la liaison
avec la 7ème compagnie du 50ème R.I est
effectuée), Pierre-Levée et Moulin des Landes. Cette unité effectuera
à elle seule près de 600 prisonniers.
A 8 h 00, la progression des groupements
CEZARD et MONNET a repris depuis Grand-Village après une préparation
d’artillerie des batteries des 12ème et 32ème RA
(250 obus), auxquelles s’est joint le Nebelwerfer du capitaine
ARENE (40 roquettes). Les Allemands qui tenaient les positions des
Allassins se sont repliés durant la nuit.
Vers 11 h 30, la 7ème
compagnie du 50ème R.I (bataillon Violette) est accrochée
par une mitrailleuse à La Rémigeasse. Le soldat Marcel NORMANDIN,
originaire de Bourcefranc est atteint de plein fouet, il décède sur le
coup. Il sera le dernier mort Français de l’opération Jupiter.
A midi, La Cotinière est libérée, peu
après que la batterie côtière Ro 512 Mammuth ait été prise par
l’assaut de la section POIRIER du GFMA et le groupe de résistants du
capitaine LECLERC.
A 13 h 00, un nouvel accrochage avec des
allemands barricadés dans une villa de La Rémigeasse est signalé. Huit
hommes du Commando FOURNIER épaulés par deux du Commando ROUDAT
réduisent la position.
Les chenillettes du 18ème RCC
et un peloton de chars du 13ème Dragons commandé par le
capitaine Christian d’ABOVILLE progressent vers Saint-Pierre, en
appuie du 2ème bataillon du 131ème RI. Le
capitaine BOURGUIGNON, accompagné de volontaires, lance une attaque
contre l’Inselkommandantur. Ils font prisonniers une vingtaine
d’officiers, dont le commandant militaire de l’île, une trentaine de
sous-officiers, qu’ils enferment aussitôt dans le cinéma. A 14 h 30,
la ville est prise.
Un officier allemand accepte alors,
après bien des tergiversations, de donner l’ordre de reddition à
l’ensemble de ses troupes cantonnées dans le nord de l’île. Deux
chenillettes de parlementaires munies d’un drapeau blanc sont
affrétées avec des officiers Allemands et Français ; elles obtiennent
l’arrêt des combats à Chaucre aussitôt occupé par le 2ème
bataillon du 131ème R.I, Saint-Georges où s’installe le 2ème
bataillon du 158ème R.I (16 h 30), aux Boulassiers et à
Cheray cernés par le 13ème Dragons (16 h 30), au Douhet, à
Saint-Denis (17 h 30), pris par le 1er bataillon du 32ème
R.A et le 2ème bataillon du 131ème R.I et à
Chassiron, investi par le 6ème BPTNA (18 h 00). Environ 500
allemands déposent les armes dans le bois Boultoir près de Cheray.
Cependant les garnisons des Saumonards et de Boyardville refusent de
rendre les armes.
Grâce à la complicité du feldwebel
BAGGER, le groupe du résistant Emile SCHWARTZ réussit à
neutraliser les 11 mines armées destinées à détruire le port de
Boyardville et s’empare du coup du pont tournant sur le port. Pendant
5 heures de violents combats, mettant aux prises les hommes du 3ème
bataillon du 158ème R.I du commandant DORBES à des
Allemands fortement retranchés et disposant de munitions en nombre
suffisant, se déroulent autour des deux derniers forts avant que vers
20 h 15, l’ennemi accepte de capituler. Les dernières escarmouches ont
lieu autour du fort des Saumonards, encerclé par le 3ème
bataillon du 158ème R.I, qui finit par capituler vers 22 h
00. La conquête de l’île d’Oléron est achevée.
Au soir du 1er mai, le bilan
de l’opération Jupiter s’établit comme suit : sur les 8 882
combattants français engagés, on déplore 18 tués et 56 blessés ; les
Allemands ont perdu une cinquantaine d’hommes pour 60 blessés et 1 700
prisonniers (dont 40 officiers). 50 pièces d’artillerie ennemie ont
été capturées. L’artillerie alliée a tiré plus de 27 874 obus alors
que 800 tonnes de bombes ont été lâchées par l’aviation.
* De Gaulle – « Mémoires de guerre » tome
III.
** Gendarme de la brigade de Piégut-Pluviers
en Dordogne.
Bibliographie :
-
« Charente-Maritime Vendée
1939-1945 », ouvrage collectif d’Eric BROTHE, Alain CHAZETTE et Fabien
REBERAC aux éditions Patrimoines Médias (1997).
-
« La Libération de l’île
d’Oléron », ouvrage collectif de Christian GENET, Alain CHAZETTE et
Bernard BALLANGER aux éditions La Caillerie-Gémozac (1995).
-
« La Libération de l’île
d’Oléron », de Christian GENET, brochure n° 46 de « Nos Deux-Charentes
en cartes postales anciennes (1988).
-
« La Libération du
Sud-Ouest et des Charentes », de Dominique LORMIER aux éditions Les
Chemins de la Mémoire (2003).
-
« La Libération des deux
Charentes – Soldats en sabots », de Christian GENET aux éditions La
Caillerie – Gémozac (1985).
-
« La Charente dans la
Seconde Guerre mondiale – Dictionnaire historique », de Guy HONTARREDE
aux éditions Le Croît Vif (2004).
-
« Occupation, Résistance
et Libération en Charente-Maritime en 30 questions », de Christiane
GACHIGNARD publié à Geste Editions (2000).
-
« Les cahiers d’Oléron –
entre ciel et mer – histoire aéronautique de l’Ile d’Oléron » n° 2-3,
de Patrick-Xavier HENRY (1982).
-
"L’île d’Oléron face à la
Deuxième Guerre mondiale, le conflit international vu à travers une
petite île française de la côte atlantique, 29 juin 1940 - 1er mai
1945", mémoire de Master 2 sous la direction de Laurent Vidal, de
Stéphane CALONNEC (2009).
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